Comme promis, voici notre première critique de livre sur l’édition 2015 des prix littéraires. Nous avons décidé d’ouvrir le bal en revenant sur le Prix Renaudot, attribué à Delphine de Vigan pour son dernier roman, D’après une histoire vraie. Publié aux éditions JC Lattès, l’intrigue retrace la rencontre du personnage de Delphine – une sorte de double de l’auteure – avec L., une femme qui devient une amie précieuse de la narratrice dans une période de sa vie d’écrivain troublée par la dépression et la panne d’inspiration.
Après la déconvenue du Renaudot 2014, qui avait été attribué à David Foenkinos pour Charlotte, nous pouvons dire que Delphine de Vigan relève le niveau d’exigence en nous donnant à lire un récit surprenant. Les ressorts de la manipulation, qui tiennent le lecteur en haleine jusqu’à la fin du roman, y sont exposés avec adresse et brio, suscitant même un suspense stupéfiant.
D’ailleurs, la question de la nature autobiographique ou non du récit, alimentée par le personnage et sa ressemblance étonnante avec l’auteure, ou encore par le titre du livre – explicite ou trompeur ? – participe du mystère de ce roman. Le seul péché que l’on peut lui reprocher réside peut-être dans une introspection qui frise parfois le nombrilisme, et peut agacer, bien que l’équilibre entre l’intrigue et la psychologie du personnage soit relativement bien entretenu d’un bout à l’autre.
Enfin, nous avons également beaucoup apprécié la réflexion sur la nature et le sens de la littérature qui apparaît en filigrane dans le texte et lui confère une certaine densité. Cette interrogation sur l’écriture invite à la réflexion, et nourrit encore la question de la frontière entre réalité et fiction, sans donner de réponse sur la démarche de l’auteure. En témoigne l’extrait suivant, dans lequel L. expose sa vision de l’écriture et de la littérature à Delphine :
Oui, les gens croient ce qui est écrit, et c’est tant mieux. Les gens savent que seule la littérature permet d’accéder à la vérité. Les gens savent combien cela coûte d’écrire sur soi, ils savent reconnaître ce qui est sincère et ce qui ne l’est pas. Et crois-moi, ils ne s’y trompent jamais. Oui, les gens, comme dit ton ami, veulent du vrai. Ils veulent savoir ce qui a existé. Les gens ne croient plus à la fiction, et même, je vais te dire, ils s’en méfient. Ils croient à l’exemple, au témoignage. Regarde autour de toi. Les écrivains s’emparent des faits divers, multiplient les introspections, les récits documentaires, ils s’intéressent aux sportifs, aux voyous, aux chanteuses, aux reines et aux rois, ils enquêtent sur leur famille. Pourquoi, à ton avis ? Parce que ce matériau est le seul valable. Pourquoi faire marche arrière ? Tu ne dois pas te tromper de combat.
Ce que nous avons préféré :
– L’univers et l’intrigue : 8/10
– Les personnages : 7.5/10
– Le style : 7/10
Où lire (ou ne pas lire) ce livre : à lire au chaud dans le vase clos de votre appartement pour reproduire au mieux l’ambiance du roman. Pour ceux qui ont une maison à la campagne, c’est encore mieux !
Quand lire (ou ne pas lire) ce livre : parfait pour une lecture du dimanche. Prévoyez de le lire d’une traite, sinon le suspense est insoutenable, et trop de coupures alimenteraient la frustration.
Pour accompagner votre lecture : une théière de thé noir bien remplie et un paquet de Petits-beurre devraient vous permettre de tenir tout l’après-midi.
A qui prêter / offrir (ou pas) ce livre : à une femme qui compte dans votre vie (votre mère ou une amie très proche), et qui adore la littérature. Si vous avez une amie qui écrit, n’hésitez pas à deux fois pour lui prêter ou lui offrir ce livre.
Si vous avez déjà lu ce livre, donnez-nous vite votre avis ! Si non, nous attendons avec impatience vos impressions.
Bonne lecture à tous !
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