Après avoir broyé du noir pour une affaire de couvertures trafiquées, nous avons le plaisir de vous annoncer que Rick Riordan va mieux. Drôle de polémique en effet que celle du whitewashing* de l’un des personnages des Chroniques de Kane, Carter. Nous nous rappelons tous des aventures du duo formé par Carter et Sadie Kane, ces deux frère et sœur aventuriers. Nous nous rappelons que Sadie est blanche et blonde, tandis que le petit garçon, afro-américain, est, lui, explicitement décrit comme métisse. Dans le premier tome des Chroniques de Kane, le père de Carter, égyptologue, lui dit d’ailleurs mot pour mot : « Carter, tu deviens grand. Tu es un homme afro-américain. Les gens te jugeront plus durement, et c’est pourquoi tu devras toujours avoir un comportement exemplaire. »
Mais d’où vient le problème, me direz-vous ? Eh bien, certains éditeurs ont arraché à notre cher Carter son identité, en en faisant un personnage blanc sur certaines couvertures, notamment sur les éditions russe, italienne ou encore néerlandaise. Inutile de vous dire que cela n’a pas fait rire l’auteur le moins du monde. Il annonçait pourtant n’avoir aucune prise sur ce phénomène, déclarant qu’il ne pouvait pas voir les couvertures avant leur publication, et ajoutant que l’excuse selon laquelle les gens d’un pays n’achètent que des livres avec des héros blancs en couverture ne constituait pas un argument recevable. Heureusement, certains éditeurs ont pris la conséquence de cette méprise et rectifié le tir.
La plupart du temps, le malentendu avec les éditeurs étrangers était dû à un brief insuffisamment complet, où ne figuraient pas toutes les contraintes spécifiques au travail de dessin de la couverture. Pourtant, la censure des personnages noirs en couverture des livres est aussi une réalité répandue. Les éditeurs concernés tentent de dissimuler ce racisme ordinaire par de malins subterfuges. Ici, le personnage en couverture sera représenté par une silhouette minimaliste. Là, il a la tête retournée, « comme par hasard ». Ainsi, le préjugé très arriéré qui consiste à penser qu’il est préférable de faire apparaître un personnage métisse qu’un héros noir en couverture demeure, hélas, assez courant. Certaines logiques commerciales participent tacitement de ce phénomène. En effet, il est commun de penser que, pour des raisons de représentation, un livre présentant en couverture un héros noir s’adresserait à une minorité de la population, et non à tous, appartenant ainsi à un marché de « niche » du milieu éditorial. Heureusement, tout n’est pas noir, comme en témoigne la campagne #everybodyin de l’association Inclusive Minds, relayée sur Twitter en 2014, qui milite pour plus de diversité dans les livres pour enfants. Les choses changent, cessons de voir tout noir ou tout blanc, vive l’authenticité et vive le mélange !
* Whitewashing : littéralement, le blanchiment en anglais
Très intéressant, merci !
On a encore bien des progrès à faire, mais chaque petit pas en avant est… un petit pas en avant 🙂
Merci beaucoup pour cet article très intéressant !
Je n’étais pas du tout au courant de ce phénomène de whitewashing (j’en avais entendu parler pour les magazines mais je n’avais pas réalisé qu’il pouvait concerner les couvertures de livres)
De même pour moi, même si la série en question ne me touche pas particulièrement le phénomène qui est derrière est tout simplement choquant.
C’est vrai qu’en considérant ma bibliothèque j’ai relativement peu de couverture comportant des personnage tout court. Au moins Salim d’Ewilan à bien sa jolie bouille de camerounais sut tout les tomes.
Ce qui intéressant c’est que c’est apparemment surtout les personnages aux origines africaine qui sont touché par le phénomène, puisque l’on peut voir beaucoup de personnage asiatique sur les couvertures, ils n’en sont donc pas écartés eux.
Génial comme article! merci! 🙂
Un article très intéressant! Je n’étais pas du tout au courant de ce phénomène, c’est affligeant… Ca n’a aucun sens. Heureusement que le tir est rectifié avec les livres de Rick Riordan, c’est un premier effort! Il faut absolument que cette discrimination cesse!
Merci beaucoup pour cet article que j’ai trouvé vraiment intéressant. Je ne pensais pas que ce phénomène était aussi répandu dans le monde littéraire :/
Cet article est hallucinant.je n’arrive pas à y croire.c’est affligeant et grave de voir qu’au 21eme siecle, l’Homme a realisé des progres phenomenals en matiere de technologie mais qu’il est resté si primaire dans son humanité, et malheureusement même si je ne veux pas être pessimiste, je crois que ce n’est pas prêt de changer.