Phénomène : Pourquoi le livre politique a-t-il autant la cote ?

 

Samedi 7 février dernier s’est tenue la 24e journée du livre politique. Et la campagne en vue des élections présidentielles de 2017 semble, elle, bel et bien lancée, à en croire le nombre d’essais politiques publiés ces six derniers mois. Depuis l’été dernier, nos hommes politiques se sont attelés à ce périlleux exercice d’écriture pour nous fournir, entre la rentrée de septembre et celle de janvier, pas moins d’une douzaine d’ouvrages. Une liste déjà longue à laquelle viendront s’ajouter d’autres livres dès le printemps prochain.

 

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Pourquoi un engouement si soudain ? Assiste-t-on au réveil brutal d’hommes politiques qui n’ont pas vu le temps passer et entament en trombe le décompte qui les rapproche de 2017 ? Ou bien cette rentrée hautement politique est-elle le fruit d’une mécanique bien huilée et d’une guerre de communication soigneusement menée ? Nous pourrions dire que tous ces effets convergent. Néanmoins, un premier constat, assez évident, se pose : la droite surtout, est en campagne, et les ouvrages publiés sont majoritairement issus du bord droit de l’échiquier politique.

 

la-france-pour-la-vie-733248-250-400Le très remarqué La France pour la vie de Nicolas Sarkozy, publié le 25 janvier dernier, donne le ton. En tête du classement GFK des essais politiques, le livre de l’ancien président s’est déjà écoulé à près de 70 000 exemplaires. Il suit les sorties de Fairede François Fillon, publié chez Albin Michel en septembre dernier, de Pour un Etat fort d’Alain Juppé, sorti le 6 janvier chez JC Lattès, ou encore du sursaut français de Jean-François Copé, paru aux éditions Stock le 20 janvier. Quant à Bruno Le Maire, son ouvrage, intitulé Ne vous résignez pas ! est prévu pour le 24 février, mais en attendant, vous pouvez déjà lire A nos enfants, paru en 2014, et l’ouvrage d’Olivier Biscaye, Bruno Le Maire, l’insoumispublié en octobre 2015. Un goût de se raconter qu’il semble partager avec Juppé, celui-ci ayant aussi publié en août dernier Mes chemins pour l’école dans lequel il exposait sa vision de l’éducation. Et comme si cela ne suffisait pas, notons que les livres de Nathalie Kosciusko-Morizet, François Baroin ou encore Nadine Morano paraîtront eux aussi, entre la fin du mois et le printemps.

 

 

murmures-a-la-jeunesse-737948-250-400A gauche, les sorties sont moins nombreuses, mais elles n’en sont pas pour autant plus discrètes. Après un départ qui n’a laissé personne indifférent, Christiane Taubira, auteure déjà remarquée pour de nombreux ouvrages, a, elle aussi, pris le parti de s’adresser à la jeunesse française. Ses Murmures à la jeunesse sont parus le 1er février aux éditions Philippe Rey. L’ancienne garde des sceaux y formule un réquisitoire sans concession contre la déchéance de nationalité avec l’art de la formule qu’on lui connaît. En tête des ventes sur Amazon, ce dernier livre pourrait bien devancer celui de Nicolas Sarkozy. Il arrive devant celui de l’ancien président dans de nombreuses librairies, d’après un classement Datalib. Par ailleurs, un ouvrage revenant sur le mandat de ministre de Christiane Taubira sera disponible à la vente à partir de mars 2016.

 

Plus discret, le livre de Manuel Valls, L’exigence, n’en est pas moins ambitieux. Publié chez Grasset le 6 janvier dernier, l’ouvrage du Premier Ministre rappelle sa vision de la démocratie à l’aune des attentats des 7 janvier et 13 novembre 2015. Un angle efficace qui sera peut-être salutaire à celui qui semble compter parmi les présidentiables de gauche.

 

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pour-un--tat-fort-721417-250-400Mais pourquoi se mettent-ils tous à écrire ? Qu’ont-ils à nous dire, quels sont leurs messages, et surtout, puisqu’ils écrivent, les lit-on davantage qu’on ne les écoute ? Ce qui est certain, c’est que les essais politiques, ou à dimension politique, ont la cote. Sur fond de crise idéologique, politique, économique, et sociale, ces ouvrages apportent ou prétendent apporter des réponses et des solutions à des Français de plus en plus inquiets et crispés par la situation actuelle. C’est finalement un moyen comme un autre de récupérer, de se retailler ou de conquérir un électorat ancien ou nouveau alors même que nous traversons un moment de grande incertitude, où l’on ne sait qui, de la droite ou de la gauche, parviendra à tirer son épingle du jeu. Si les livres des représentants de la droite pourraient influer sur les primaires à venir, on ne sait cependant pas encore très bien si les livres des représentants de gauche pourront redonner de la clarté aux idées d’une majorité aux prises avec des désaccords interminables.

 

Et puis, dans un contexte où l’arme la plus redoutable, et disons-le la plus efficace, reste la communication, écrire des livres est un exercice qui peut s’avérer rentable. D’abord, c’est la garantie de rester visible dans le paysage politico-médiatique en faisant parler de soi, et puis, c’est jouer soigneusement sur ce que le public adore : les attaques, les confidences, les « retours sur scandale ». Doit-on vraiment rappeler que Merci pour ce momentle brûlot de Valérie Trierweiler, avait atteint les 442 000 exemplaires à peine deux semaines après sa sortie, en septembre 2014 ? Quant à Marine Le Pen, autre habituée des livres, elle semble pour l’heure bien silencieuse. Peut-être attend-elle l’accalmie pour mieux frapper ? Affaire à suivre.

 

 

 

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A propos de Cecilia Sanchez 290 Articles
Chargée de communication et rédactrice chez Booknode

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