Top 10 : Les phrases que vous entendrez tout le temps quand vous serez écrivain

 

Parce que vous avez trouvé votre vocation et que vous avez décidé de devenir écrivain, vous pensez aussi avoir trouvé le moyen d’être en paix ? Détrompez-vous, car vous allez entendre des tas de choses qui ne vont pas toujours vous plaire. En effet, la vie d’écrivain n’est pas aussi facile qu’on le croit, notamment parce que les gens qui côtoient des écrivains, et qui n’en sont pas, se sentent toujours obligés d’exprimer leur avis, de faire part de leur expérience souvent inutile de non-écrivain, ou s’octroient tout simplement le droit d’être désagréables.

 

Suite à ce top, vous comprendrez peut-être enfin pourquoi beaucoup d’auteurs ont choisi la solitude, sont devenus peu sociables voire foncièrement misanthropes, et avancent dans la vie sans jamais se départir du sentiment qu’ils sont et resteront des artistes incompris. Allez, il faut commencer à vous habituer.

 

 

1. « Alors, il parle de quoi ton livre ? »

 

point 1
Sachez qu’un regard peut suffire.

 

A cette question, plusieurs réponses sont possibles. Vous pouvez dire de façon lapidaire que « ça parle d’amour » ou que « ça parle de crime », ou alors que « c’est long à expliquer » mais que « le livre sort bientôt. » Si vous voulez désintéresser tout à fait votre public dès le début parce que vous n’avez pas envie de parler, commencez par les mots « alors, c’est l’histoire d’un mec… », et à moins d’avoir affaire à quelqu’un de vraiment tenace, vous n’aurez pas besoin d’argumenter plus que ça.

 

 

2. « Est-ce que c’est une histoire vraie ? »

 

point 2
Pensez Obama. Court, concis, efficace.

 

Il est important de savoir que pour un nombre non négligeable de personnes, probablement bien plus d’une sur deux, une histoire n’est vraiment bonne que si elle est tirée de la réalité. La réponse à tenir face à une telle question doit donc absolument être, « oui, totalement » ou sa variante « oui, partiellement ». Il est toujours bon d’étayer avec une anecdote de famille, ou d’invoquer un contexte spécifique, par exemple « cette histoire m’est venue à l’hiver 2006 alors que j’étais en vacances en Picardie, il y avait des bruits bizarres dans la maison, et les événements qui ont suivi ont été tous plus étranges les uns que les autres. » C’est diablement efficace, car c’est donner aux gens la possibilité de se mêler de ce qui d’ordinaire ne les regarde pas.

 

 

3. « Quel grand écrivain aurais-tu aimé être ? »

 

point 3
Oui, c’est pas facile.

 

Oui, la personne qui vous posera cette question et de cette façon est, de toute évidence, profondément sadique. Oui, vous demander ça sera pour elle une façon de vous destituer de votre statut d’auteur, en vous faisant miroiter ce que vous ne serez jamais. Oui, cette personne prendra beaucoup de plaisir à voir votre visage se décomposer. Oui, vous pouvez éventuellement lui donner une claque, même s’il serait plus digne d’attendre de crouler sous le succès pour que votre triomphe lui fasse une belle jambe.

 

 

4. « Tu écris quoi, comme genre de poèmes ? »

 

point 4
Le plus difficile, c’est d’être aussi convaincant que Robin.

 

Les gens ont tant besoin de poésie en ce monde qu’ils croient que tout écrivain est aussi poète. Et vu que « les poètes sont les voix de ceux qui n’ont pas de voix » comme dirait Lamartine, vous auriez tout intérêt à écrire un peu de poésie, au moins pour le prestige. Après tout, le roman a longtemps été considéré comme un genre populaire, voire « bâtard », alors que la poésie, c’est la Noblesse, c’est la Beauté, c’est une forme d’art qui côtoie l’Absolu. Et on ne va pas se mentir, c’est plus facile pour avoir une vie sentimentale remplie et palpitante.

 

 

5. « Ohlala j’aurais jamais pu être écrivain moi, je suis vraiment trop nul en français. »

 

point 5
Et alors, je peux parler mal moi aussi.

 

C’est une phrase exceptionnelle qui en dit long sur la sincérité, la spontanéité, et probablement la bonhomie de votre interlocuteur. Le mieux est de répondre par un sourire attendri, ou d’invoquer encore une fois votre enfance imaginaire – après tout être écrivain, c’est savoir mentir mieux que les autres – et ajouter « mais tu sais, je n’ai appris à bien écrire le français qu’à l’âge de 10 ans, avant ça je ne savais pas aligner trois mots. » Car oui, finalement, c’est un peu réducteur comme remarque. Comme s’il suffisait d’être bon en orthographe pour être un bon écrivain.

 

 

6. « Je te le dis juste comme ça, mais, vraiment, promets-moi de ne pas mettre ça dans ton livre. »

 

point 6
Parce que les problèmes ne viennent pas seuls.

 

Ce sera la sentence à laquelle vous aurez droit à chaque fois qu’un ami ou qu’un membre de votre famille sera sur le point de vous confier une histoire. Et souvent, ils se permettront aussi d’ajouter quelques parenthèses du style « ça par contre, tu peux le mettre dans ton prochain livre. » Ne l’oubliez pas, tout le monde veut être la muse de quelqu’un, mais seulement quand il s’agit de relater des propos flatteurs. Et pour ne pas avoir de litiges, édulcorez sans retenue, c’est la règle.

 

 

7. « Mais pourquoi c’est si triste ce que tu écris, tu es triste ? »

 

point 7 v1
Lana a trouvé la réponse à la question, et vous pouvez copier.

 

Vous aurez sans doute du mal à vous départir de certains clichés et raccourcis qui pourraient bien vous coller à la peau. Par exemple, nombreux sont ceux qui considèrent que les artistes sont tristes, seuls et dépressifs, et que les écrivains étant des artistes, ils sont tristes, seuls et dépressifs. Si le syllogisme est exemplaire, il faut quand même relativiser : vous n’êtes pas ce que vous écrivez. Profitez de cette question pour frimer un peu avec une réponse toute faite certes, mais qui fait toujours son effet : « j’ai volontairement fait le choix de la tristesse car le bonheur est toujours trop facile, trop futile, trop ennuyant. » Et toc.

 

 

8. « Franchement, j’ai beaucoup aimé, mais pourquoi cette fin ? »

 

 

point 8 v2
Parce qu’éviter la violence, c’est parfois trop difficile.

 

Là, c’est très dur à encaisser. Vous n’étiez pas prêt, et vous ne serez jamais prêt à affronter dûment cette question. Avant de songer au pire, dites-vous que les plus grands écrivains sont toujours, dans un premier temps, des génies incompris. La mauvaise nouvelle, c’est que parfois, ils sont déjà dans la tombe quand la gloire advient. Nous espérons que vous ne resterez pas du côté obscur de la force. Vous n’avez plus qu’à vous en remettre à la postérité. Oui, la vie, c’est pas facile.

 

 

9. « Vraiment, je comprends pas comment tu peux autant aimer écrire. »

 

point 9
N’oubliez pas de faire briller vos yeux car en effet, ça a l’air de marcher plutôt bien.

 

Après tout, il y a tant de choses à faire dans la vie : vous pouvez voyager, regarder des séries tout le week-end, faire la fête tous les soirs, essayer de « percer » dans la musique, manger du chocolat toute la journée puis décider de commencer le sport, prendre un abonnement pour aller au ciné trois fois par semaine, devenir Beyoncé… Mais comme on n’a jamais fini la liste de toutes ces choses qu’on se jure de faire et qu’on ne fera jamais, autant écrire.

 

 

10. « Hey, tu fais quoi ce week-end ? »

 

point 10
Allez, ça vous fera du bien aussi, de vous arrêter de temps en temps !

 

« Je m’enferme pour éviter les gens curieux qui essaient d’interférer entre moi et mes écrits, et qui nuisent par conséquent à ma créativité en me proposant de pratiquer des activités diverses dont la seule fin est la sociabilité. » Vous avez le droit de répondre cela une seule fois par personne parce que 1. c’est odieux et 2. vous allez perdre tous vos amis si vous osez utiliser ce joker deux fois ou plus.

 

 

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A propos de Cecilia Sanchez 290 Articles
Chargée de communication et rédactrice chez Booknode

1 Comment

  1. Oui, être écrivain est plus complexe qu’imaginé
    On a souvent droit à ces piques, en effet, mais ça fait partie du métier, et oui, on peut écrire du fantastique majoritairement tragique et être souriant, dans la vie, et aussi quand tu sais que le lecteur qui passe te prendre un livre en dédicace et qui s’est fichu implicitement de ton air triste finit par pleurer comme une madeleine à la scène finale du livre ! 🙂

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