Pour cette troisième sélection consacrée à la Rentrée littéraire, nous vous avons concocté un cocktail à la fois explosif, loufoque, chargé de suspense et d’intensité dramatique. Impossible de lâcher les livres que nous allons vous présenter. Ils nous ont accompagné partout, dans le métro, sur les terrasses, dans un parc, le matin, le midi et jusqu’au bout de la nuit, et nous espérons bien qu’ils vous feront autant d’effet qu’à nous ! Pour lequel craquerez-vous ?
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1- Chanson douce de Leïla Slimani / Editions Gallimard
Doux et inquiétant, le titre du deuxième roman de Leïla Slimani est à l’image de l’intrigue qu’il relate. Dès la première page, le décor est planté avec une scène de crime saisissante : deux frère et sœur en bas âge, Mila et Adam sont retrouvés, la première morte, le petit agonisant. La nounou, elle aussi, gît inconsciente. A cette vision hallucinée succède le récit soigné, chirurgical et de plus en plus oppressant de l’avant-catastrophe, où l’on apprend comment Myriam, jeune maman débordée, décide de reprendre sa carrière ; comment, avec son mari, ils trouvent en Louise la nourrice parfaite, celle qui va redonner de l’élan à toute la famille, maintenir vivant et debout le foyer jusqu’à se rendre indispensable. Puis, progressivement, on découvre la femme qui se cache derrière la nounou, les failles qui subsistent en secret derrière l’impeccable façade. Au fur et à mesure que l’étau se resserre et qu’un silence inquiétant s’immisce entre les lignes du récit, Leïla Slimani semble faire du lecteur le complice impuissant d’un fait divers qui embrasse parfaitement notre époque et brosse le portrait de ses inquiétudes. Argent, éducation, amour, multiculturalisme, c’est aussi de cela qu’il est question dans Chanson douce. Un moyen pour le lecteur contemporain de s’identifier aux personnages et de céder de plain pied au suspense déchirant de ce roman.
Ce que nous avons préféré :
- L’univers et l’intrigue : 9/10
- Les personnages : 9/10
- Le style : 8/10
Où lire (ou ne pas lire) ce livre : Dans un parc ou calfeutré(e) chez vous.
Quand lire (ou ne pas lire) ce livre : Un dimanche un peu brumeux.
Pour accompagner votre lecture : Un thermos rempli de thé.
A qui prêter / offrir ce livre : A priori, vous pouvez recommander ce roman à l’ensemble de votre entourage, sauf peut-être à votre nounou ou à une amie en recherche de nounou.
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2- La double vie de Jesús de Enrique Serna / Editions Métailié
Voilà un roman qui fait l’effet d’une détonation. En nous entraînant dans la ville mexicaine brûlante de Cuernavaca, Enrique Serna, déjà salué pour ses précédents romans et notamment par Gabriel Garcia Marquez (Prix Nobel de littérature en 1982), dresse le portrait d’un pays et d’une société aux abois. Sur fond de trafic de drogue et alors que la corruption et l’argent sale du trafic musellent les habitants de la ville, Jesús Pastrana se lance dans la campagne pour devenir maire. Pétri d’idéaux de justice et rebuté par la violence qui ensanglante son pays, c’est dans un combat sans fin et sans issue qu’il semble se livrer. La victoire tant espérée est d’autant plus hypothétique et laborieuse que la vie privée de Jesús est sulfureuse. Dès le début du roman, il quitte sa femme pour rejoindre les bras de Leslie, un transsexuel rencontré un soir sur le trottoir. Dès lors, comment concilier sa course au pouvoir et son amour pour cette « folle » égocentrique qu’il adore ? Le cas de conscience est douloureux lorsqu’il découvre la véritable identité de cette dernière. Entre passion infernale et droiture politique, c’est en fin stratège que le narrateur met à nu les arcanes du pouvoir et nous livre, sur un ton ironique, acerbe et impitoyable une peinture décadente du Mexique contemporain, où les clichés ricanent pour donner une version glaçante de la réalité politique du pays. Suspense et humour acide garantis.
Ce que nous avons préféré :
- L’univers et l’intrigue : 9/10
- Les personnages : 8.5/10
- Le style : 8/10
Où lire (ou ne pas lire) ce livre : Au chaud dans votre salon.
Quand lire (ou ne pas lire) ce livre : A lire la nuit absolument !
Pour accompagner votre lecture : Une fenêtre ouverte sur les bruits de la rue et un verre de mezcal (à consommer avec modération bien évidemment !).
A qui prêter / offrir ce livre : A un ami fan de Narcos et des sales histoires de cartels.
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3- La Mésange et l’Ogresse de Harold Cobert / Editions Plon
Les amateurs de faits divers vont être servis puisque dans son dernier roman, Harold Cobert revient sur l’affaire Fourniret, l’un des feuilletons criminels et médiatiques les plus macabres de ces vingt dernières années. Et pour ce pari audacieux, l’auteur n’a pas choisi la facilité puisque son personnage principal n’est autre que Monique Olivier, la femme de celui que l’on rapidement appelé « l’Ogre des Ardennes ». Après avoir pris soin en avant-propos de spécifier que son ouvrage est un roman inspiré du réel et « avant tout une oeuvre de fiction », Harold Cobert nous plonge dans une période haletante et décisive de l’affaire Fourniret, celle qui débute en juin 2003 avec l’arrestation du tueur et aboutit un an plus tard aux aveux de Monique Olivier, que Fourniret surnommait « sa mésange ». A la fois victime et complice, c’est un véritable portrait psychologique que l’auteur dresse de cette femme tout à la fois résignée, silencieuse, manipulatrice et finalement plus dangereuse qu’il n’y paraît. Aux monologues intérieurs de cette ogresse redoutable se mêlent les flashback difficilement soutenables des agressions commises par Fourniret et le déroulement de l’enquête elle-même. Et dans ce jeu subtil où les pièces de l’affaire se dévoilent les unes après les autres, le suspense, croissant, nous entraîne toujours plus vite dans un texte diabolique et impossible à lâcher.
Ce que nous avons préféré :
- L’univers et l’intrigue : 9.5/10
- Les personnages : 8/10
- Le style : 8.5/10
Où lire (ou ne pas lire) ce livre : Peu importe l’endroit pourvu qu’il soit rassurant.
Quand lire (ou ne pas lire) ce livre : Pendant une insomnie ou une nuit blanche.
Pour accompagner votre lecture : La wi-fi car vous aurez peut-être envie de revenir sur la vraie affaire de temps à autre.
A qui prêter / offrir ce livre : A un ami qui adore les romans policier très psychologiques.
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4- Babylone de Yasmina Reza / Editions Flammarion
Malgré un début de récit plutôt décousu où l’on peine à savoir où l’auteur veut en venir, difficile de décrocher dès qu’on a le déclic. Ce qui ressemble à un roman mondain tourne vite à la comédie vaudevillesque. On se laisse vite emporter dans ce roman à l’écriture limpide et sans fausse note qui nous dépeint une classe moyenne au bord de la crise de nerfs. Les dialogues, le ton caustique, la cocasserie de certaines scènes, les personnages en proie à une folie refoulée sont autant d’ingrédients qui camouflent et subliment à la fois la mélancolie discrète de la narratrice. Car ce que cette dernière raconte aussi dans Babylone, ce sont les petites ambiguïtés de l’amour, les quiproquos qui surgissent avec férocité du silence dans lequel on a bien voulu les tenir, les imperfections irritantes de l’être aimé et les injonctions qui rendent fou jusqu’à l’irréparable. Et lorsque le crime passionnel dont le lecteur semble lui-même complice est commis, nous continuons de rire (peut-être même encore plus) de l’investigation saugrenue qui est menée. Entre pièce de théâtre, roman policier et monologue romantique, Babylone nous rappelle à une légèreté parfaitement dosée devenue rare en littérature. Et ça fait du bien.
Ce que nous avons préféré :
- L’univers et l’intrigue : 8/10
- Les personnages : 9/10
- Le style : 8/10
Où lire (ou ne pas lire) ce livre : Pendant un week-end d’escapade.
Quand lire (ou ne pas lire) ce livre : Quand vous êtes enfin tranquille et seul.
Pour accompagner votre lecture : Un café gourmand et des viennoiseries.
A qui prêter / offrir ce livre : A votre amoureux(se), ou votre voisin(e), ce qui serait vraiment plus drôle.
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