Sélection : Découvrez les livres de la semaine !

Sélection hebdo week 9

Cette semaine, nous avons lu pour vous le dernier roman de Louis-Henri de La Rochefoucauld, Le Club des vieux garçons, et 2084 La fin du monde de Boualem Sansal, qui est sorti au format poche le 2 mars et avait reçu le Grand prix du roman de l’Académie française en 2015. Dans des registres résolument différents, les deux livres ont su nous emporter par leur audace et la force de leur style.

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Le broché de la semaine : Le Club des vieux garçons de Louis-Henri de La Rochefoucauld (Stock)

Mordant, décapant, cocasse, Le Club des vieux garçons est tout sauf conformiste et austère. A la manière du personnage principal et fondateur du Club François de Rupignac, les vieux garçons entendent assumer leur décalage par rapport à une société qui les considère comme des bourgeois arriérés ou des bons à rien. Lycéen inhibé, c’est une fois étudiant que le personnage principal parvient à se défaire de ses inhibitions et à rassembler autour de lui toute une société secrète d’activistes dont la principale activité consistera à bizuter les canailles du monde moderne.

Avec sa langue vivace et imagée, son style original et sa galerie de personnages excentriques et étudiés, ce dernier roman déploie une satire brillante et caustique de notre société contemporaine. Oscillant entre légèreté et profondeur, Le Club des vieux garçons questionne aussi, en filigrane, le rapport des individus au système : doit-on se conformer à lui pour vivre heureux ou  désobéir pour trouver un salut ?

Paru le 15 février dernier, Le Club des vieux garçons est le le cinquième roman de Louis-Henri De La Rochefoucauld, qui s’était notamment fait connaître avec la parution de La Révolution française en 2013.

Extrait : Deux jours après ces fameuses andouillettes au morgon, ayant rédigé avec Pierre des statuts sommaires, je me suis rendu à la préfecture de police pour créer dans les formes notre association loi 1901. Derrière son guichet, l’agent avait l’air de ne pas comprendre où je voulais en venir. 

« Ca s’appelle donc le Club des vieux garçons ?

-Tout à fait.

-Et de quoi s’agit-il ?

-D’un cercle de gentilshommes.

-Mais encore ?

-Je ne sais pas…

-Toute association doit avoir un objet, monsieur. On ne prend pas de coquilles vides.

-Si vous y tenez, vous pouvez inscrire que c’est un club de bridge. 

-Un club de bridge ? Très bien… Je n’ai pas l’habitude, mais pourquoi pas. Et où sera son siège social ? 

-A l’adresse de ma grand-mère.

-Quelle rue, quel numéro ?

-Attendez-je l’ai notée quelque part dans le dossier…

-Ah oui, pardon, elle est écrite là : 151, rue de Grenelle. Un club de bridge chez votre grand-mère, alors ? Bon. Tout arrive. L’association sera-t-elle reconnue d’utilité publique, selon vous ? 

-Très certainement.

-Et elle sera à but lucratif ?

-A votre avis ? Non lucratif bien sûr. Pour une fois que la loi Waldeck-Rousseau sert à quelque chose, il faut pas se priver ! »

 Ce que nous avons préféré* :

  • L’univers et l’intrigue : 💛💛💛
  • Les personnages : 💛💛💛💛💛
  • Le style : 💛💛💛💛

Où lire ce livre : Partout où vous allez, du métro au bain en passant par le déjeuner.

Quand lire ce livre : En semaine et les jours de pluie : remède anti-grisaille assuré.

Pour accompagner votre lecture : Un thé et des madeleines.

Le roman en un mot : Irrésistible.

*

Le poche de la semaine : 2084 La fin du monde de Boualem Sansal (Folio / Gallimard)

Récompensé par le Grand prix du roman de l’Académie française en 2015 (ex-æquo avec Les Prépondérants de Hédi Kaddour), 2084 La fin du monde vient de paraître en format poche aux éditions Folio. Roman dystopique, le livre de Boualem Sansal s’inscrit dans la droite lignée de 1984 de George Orwell, auquel il fait directement référence, et du Meilleur des mondes de Aldous Huxley, deux titres qui ont vu leurs ventes exploser ces derniers mois, en particulier outre-Atlantique. Peut-être serait-il temps de nous y remettre aussi ?

En Abistan, empire immense dirigé par un régime totalitaire d’inspiration islamique, les habitants vivent surveillés, soumis à la pensée unique et au contrôle religieux. Au milieu d’un peuple manipulé qui vit dans le bonheur apparent de la foi, le personnage d’Ati interroge le système et tente de répondre à la quête de liberté et de vérité qui l’habite.

Grâce à ses descriptions sombres et hallucinées et à son style enlevé, Boualem Sansal happe le lecteur dans ce récit que l’on assimilerait volontiers à un conte ou une fable et qui, à bien des égards, sous le couvert de la fiction, plante une réflexion éclairée sur le totalitarisme religieux.

Extrait : Avertissement – Le lecteur se gardera de penser que cette histoire est vraie ou qu’elle emprunte à une quelconque réalité connue. Non, véritablement, tout est inventé, les personnages, les faits et le reste, et la preuve en est que le récit se déroule dans un futur lointain dans un univers lointain qui ne ressemble en rien au nôtre.

C’est une oeuvre de pure invention, le monde de Bigaye que je décris dans ces pages n’existe pas et n’a aucune raison d’exister à l’avenir, tout comme le monde de Big Brother imaginé par maître Orwell, et si merveilleusement conté dans son livre blanc 1984, n’existait pas en son temps, n’existe pas dans le nôtre et n’a réellement aucune chance d’exister dans le futur. Dormez tranquilles, bonnes gens, tout est parfaitement faux et le reste est sous contrôle.

Ce que nous avons préféré* :

  • L’univers et l’intrigue : 💛💛💛💛
  • Les personnages : 💛💛💛
  • Le style : 💛💛💛

Où lire ce livre : Dans un endroit tranquille où vous ne risquez pas d’être dérangé (concentration oblige !).

Quand lire ce livre : Ce week-end ?

Pour accompagner votre lecture : Quelque chose de… réconfortant.

Le roman en un mot : Fascinant.

 

*L’échelle des notes va de 1 à 5

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A propos de Cecilia Sanchez 290 Articles
Chargée de communication et rédactrice chez Booknode

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