Goncourt, Renaudot, Interallié, Fémina. Vous connaissez sans doute au moins un, si ce n’est plusieurs, des grands prix littéraires décernés chaque année. Mais connaissez-vous le Prix de la page 112 ?
Ce prix littéraire printanier se déroulant en mars est bien moins connu que ses homologues, mais n’a pourtant rien à leur envier, ne serait-ce que par sa sa grande originalité. On dit même que c’est par Woody Allen – rien que ça – que le prix serait parrainé…
Lancé par l’éditrice Claire Debru, directrice de la collection « Les Affranchis » chez NiL, le prix récompense depuis 2012 un titre choisi parmi les livres de la rentrée littéraire de janvier. Une seule condition : faire plus de 112 pages.
Le constat des créateurs du prix est simple : les auteurs et éditeurs offrent un soin particulier aux débuts de leurs romans, meilleur moyen d’attirer des lecteurs potentiels et d’inciter d’éventuels curieux à acheter leurs livres… Mais que se passe-t- il ensuite ? Pour les créateurs du Prix de la page 112, la plupart des intrigues de romans commencent en grande pompe pour ensuite retomber comme des soufflets. Un bon début d’histoire ne serait donc pas forcément gage de qualité sur l’intégralité d’un livre. Comment, alors, dénicher les pépites littéraires, autrement qu’en se fiant uniquement à leur début ?
La théorie du jury du prix se base sur l’idée que le meilleur moyen de savoir si une intrigue est digne d’intérêt du début à la fin, est d’aller jeter un œil au cœur du roman.
« Notre logique est simple. Si une remarquable page 112 est rare, alors il est permis d’espérer que le roman dans lequel elle apparaît soit, lui aussi, remarquable… de bout en bout. »
C’est donc à l’endroit exact où le récit perd le plus souvent de son intensité que le jury a décidé de se fier… et donc à la fameuse page 112 !
Si une page 112 se montre suffisamment convaincante, le jury s’engage alors à lire l’intégralité du livre
Choisi en référence à une réplique du film Hannah et ses sœurs de Woody Allen (« N’oublie pas le poème de la page 112 : il me fait penser à toi ».), le nom du prix se veut un hommage au célèbre réalisateur, qui se voit donc, de force et avec humour, considéré comme parrain du prix. À ce drôle de parrain, s’ajoutent les 12 membres du jury, des éditeurs, directeurs littéraires, écrivains, journalistes ou encore critiques. Pendant plusieurs semaines, ils se voient confier la tâche de réceptionner et découvrir les pages 112 envoyées et proposées à la sélection du prix. Si une page 112 se montre suffisamment convaincante, le jury s’engage alors à lire l’intégralité du livre pour constituer sa liste finale des sélectionnés.
Cette année, parmi les onze livres de la sélection finale, ceux de Yann Moix, Gaspard Delanoë ou encore Emmanuelle Pagano sont en lice pour intégrer la liste des meilleures pages 112. L’un d’entre eux rejoindra Jean-Marc Parisis, Thomas B. Reverdy, Sylvain Tesson et Philippe Dumez, les 4 lauréats des années précédentes. Verdict lors de la remise du prix le 29 mars !
Les onze livres de la sélection finale :
N’être personne de Gaëlle Obiégly, Verticales/Gallimard
La vie magnifique de Frank Dragon de Stéphane Arfi, Grasset et Fasquelle
Face au Styx de Dmitrij Bortnikov, Rivages
Des âmes simples de Pierre Adrian, Éditions des Equateurs
Terreur de Yann Moix, Grasset et Fasquelle
Un peu tard dans la saison de Jérôme Leroy, La Table ronde
Autoportrait : remake de Gaspard Delanoë, Plein jour
Les souhaits ridicules de Pauline Klein, Allia
Trilogie des rives, tome 2 : Saufs riverains d’Emmanuelle Pagano, P.O.L
Le livre de la faim et de la soif de Camille de Toledo, Gallimard
Sanglier de Dominique Rameau, Éditions Corti
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