Du livre à la série, décryptage du phénomène 13 Reasons Why (garanti sans spoil)

13 reasons
Le harcèlement scolaire, un phénomène de société qui prend de l’ampleur

Vous êtes nombreux à avoir lu et adoré 13 Reasons Why  de Jay Asher, paru il y a maintenant sept ans. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la sortie, il y a à peine un mois, de la série Netflix adaptée du roman a relancé le phénomène. Parallèlement, la lutte contre le harcèlement scolaire s’impose depuis quelques années dans le débat public comme un sujet sérieux.

Si la pratique a été favorisé par l’émergence et l’utilisation accrue des réseaux sociaux chez les jeunes, ce sont ces mêmes supports qui ont permis à des voix de s’élever pour dénoncer l’enfer que subissent de nombreux adolescents au collège et au lycée. En France, on se rappelle notamment de l’intervention de la YouTubeuse Enjoy Phoenix qui, en octobre 2014, avait consacré une vidéo à la question du harcèlement scolaire. Elle y racontait son vécu et proposait des solutions, ouvrant la brèche à un véritable débat politique.

13 Reasons Why, les recettes du succès

Deux ans après, de l’autre côté de l’Atlantique, une autre idole des jeunes, la superstar Selena Gomez, se lance dans la production de la série 13 Reasons Why. Sortie le 31 mars dernier, c’est un succès sans précédent pour le firme Netflix. Si l’on se fie à l’impact de la série sur les réseaux sociaux et notamment au nombre record de 3,5 millions de tweets la mentionnant, on a de bonnes raisons de penser que 13 Reasons Why est la série la plus populaire de Netflix.

Les raisons du succès ? Elles sont nombreuses. La première tient sans doute au format narratif particulièrement original et didactique de l’intrigue. Car la descente aux enfers de Hannah Baker n’est pas traitée chronologiquement. Il s’agit, à partir de son suicide et du récit qu’elle a laissé à ses camarades, de remonter à la source un mal-être grandissant, souvent sourd, qui déferle sans trêve. La seconde force du récit réside dans un traitement sans concession ni édulcorant des thématiques liées de près ou de loin au harcèlement scolaire. En effet, on aurait tort de réduire 13 Reasons Why à une simple intrigue sur le harcèlement scolaire. Car cette forme de harcèlement, telle qu’elle est abordée dans le roman et la série, permet de traiter des questions et des thèmes plus spécifiques tels que la culture du viol, le consentement, et bien évidemment, le suicide.

Roman ou série, les différences

Les différences de traitement entre le roman et la série ne sont pas grandes. Mis à part une inversion entre deux chapitres, une seule divergence existe entre les deux versions. Celle-ci concerne le suicide de Hannah, mais nous ne vous en dirons pas plus ici. Le grand avantage de la série et son point fort par rapport au livre, c’est qu’elle permet de développer la psychologie de chaque personnage. La tension dramatique nous a semblé plus forte également dans la série. Les non-dits, la culpabilité, l’incompréhension, les velléités mais aussi la question de la responsabilité y sont traités avec une grande justesse d’analyse. On perçoit bien plus que dans le livre le phénomène dévastateur de l’effet de groupe et le souci du paraître qui transforment chacun, consciemment ou non, en bourreau.

Quant au livre, il nous a semblé particulièrement intéressant en ce qu’il met en avant la psychologie de Hannah et la façon dont son suicide et les cassettes affectent Clay. Ce « dialogue privilégié » laisse moins de place aux personnes tierces que sont les camarades responsables du suicide, et les parents des adolescents. Or, les personnages des parents – ceux de Hannah et de Clay essentiellement – occupent une place centrale dans la série. Un choix qui permet de souligner une donnée importante : contrairement à ce que l’on pense, le suicide d’un enfant n’est pas toujours prévisible. Il est en revanche, systématiquement dévastateur. La scène du suicide montrée sans censure à l’écran va également dans le sens de la démarche de prévention dans laquelle s’inscrit la série.

Par où commencer ?

Si vous n’avez pas encore lu le roman ni vu la série, nous vous conseillons de lire et de regarder la série en même temps. Le découpage des chapitres correspond à celui des épisodes, ce qui facilite la démarche. Si vous souhaitez les découvrir l’un après l’autre, nous vous recommandons de commencer par la série et de terminer en beauté par la lecture du roman. Le suspense est en effet plus fort dans l’adaptation, et vous donnera forcément envie de lire le livre. Le contraire est moins sûr.

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A propos de Cecilia Sanchez 290 Articles
Chargée de communication et rédactrice chez Booknode

4 Comments

  1. Super article !!
    J’ai vu la série, qui m’a boulversée, et je vais trèèès vite lire le livre !! 🙂

  2. « Si vous n’avez pas encore lu le roman ni vu la série, nous vous conseillons de lire et de regarder la série en même temps. Le découpage des chapitres correspond à celui des épisodes, ce qui facilite la démarche. »

    Ce n’est pas le cas, certaines cassettes ont changé d’ordre dans la série, par rapport au livre… Ça se confirme dès le chapitre 2 du roman 😉

  3. On a quand même des différences assez flagrantes entre la série et le livre face à certains personnages qui n’existent pas dans l’un, mais sont présents dans l’autre. Clay n’est pas non plus traité de la même manière d’un point de vue psychologique, ni au niveau de ses réactions d’ailleurs. C’est pareil pour Hannah.

  4. Personnellement j’ai lu le livre en premier et j’ai été un peu déçu par la série. Pas complètement non plus parce qu’elle est plutôt bien faite, mais les différences sont gênantes (du moins à mon goût). Quoi qu’il soit je conseille vivement de lire le livre (en premier, en second, peu importe il faut le lire !).

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