FIBD 2020 : Rétrospective en images du Festival de la BD d’Angoulême !

Les trois affiches officielles du festival 2020, dessinées respectivement par Rumiko Takahashi, Catherine Meurisse et Charles Burns.
Les trois affiches officielles du festival 2020, dessinées respectivement par Rumiko Takahashi, Catherine Meurisse et Charles Burns.

Le 30 janvier dernier débutait la 47e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Ce grand événement international attendu de tous les bédéphiles et bédéistes a mis, une fois de plus, les images à l’honneur lors de quatre jours placés sous le signe de la bande dessinée. C’est donc tout naturellement à travers les images que nous avons eu envie de vous présenter notre petite rétrospective sous forme de carnet de bord de l’édition 2020 du festival !

BulleJeudi

Si le festival ouvre officiellement ses portes ce jeudi 30, les festivités ont commencé la veille avec l’annonce du Grand Prix 2020. Emmanuel Guibert, dessinateur français, succède ainsi à la mangaka Rumiko Takahashi, récompensée l’an dernier. L’auteur s’illustre dans le domaine de la bande dessinée documentaire grâce à un style qui s’attache aux histoires vécues. En 2000, paraît le premier tome de La Guerre d’Alan qui retrace les souvenirs d’Alan Ingram Cope, un soldat américain lors de la Seconde Guerre mondiale. En 2003, il débute sa série Le Photographe, qui raconte le parcours d’une équipe de Médecins sans frontières entre le Pakistan et l’Afghanistan dans les années 1980. En parallèle de ces travaux, Emmanuel Guibert dessine et scénarise également des séries jeunesses comme Sardine de l’espace ou Ariol en collaboration avec des artistes reconnus tels Joann Sfar, Mathieu Sapin ou Marc Boutavant.

À Angoulême, lors du festival, les chapiteaux sous lesquels se cachent les stands des éditeurs et auteurs, sont surnommés « bulles » et nous commençons le festival par la visite de notre « bulle » favorite. Les portes de la bulle du Nouveau monde s’ouvrent sur des dizaines d’éditeurs indépendants. Si vous avez envie de dénicher des petites pépites inconnues ou de prendre le temps de discuter avec des auteurs, c’est LA bulle où se rendre sans hésitation. Cornélius, La Pastèque, L’Association, Le Lézard Noir, Atrabile, 2024, FLBLB, Sarbacane, Actes Sud et beaucoup d’autres : les éditeurs sont au rendez-vous et les auteurs sont déjà nombreux en dédicaces pour ce premier jour.

Nous faisons un tour des lieux, prenons connaissance des livres, des auteurs présents et à venir, puis nous partons (pour le moment car nous savons très bien que nous serons amenés à revenir ici très souvent). Direction la bulle principale, celle où tous les lycéens, collégiens et écoliers qui arpentent le festival (le jeudi et le vendredi lors du FIBD sont jours de sortie scolaire !) se pressent : le Monde des bulles. Toujours fidèle au poste sur la place du Champs de Mars, la bulle regroupe tous les gros éditeurs de bande dessinées. De Delcourt à Casterman, en passant par Dargaud, Le Lombard ou Gallimard, la bulle devient rapidement une immense fourmilière.

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À peine rentrés, nous voilà déjà submergés. Des bandes dessinées à perte de vue et des festivaliers tout aussi nombreux qui fourmillent entre les différents stands. De temps à autres, dans la foule, serpentent de drôles d’éclaireurs armés de bouquets de ballons à l’effigie du célèbre Titeuf. Ils sont suivis par des hordes d’enfants. La distribution commence et la mèche jaune du plus célèbre des jeunes héros de BD envahie vite le chapiteau.

Pas de ballon pour nous, mais les premières rencontres avec des auteurs. Au stand des éditions Denoël, Ugo Bienvenue s’installe pour sa séance de dédicaces. Sa bande dessinée Préférence système est dans la sélection officielle. Lorsqu’on lui demande quelles sont ses influences en matière de science-fiction, l’auteur avoue ne pas en avoir : « J’écris sur ce que je vois, je fonctionne à la réaction. Si je vois quelque chose qui m’énerve, j’écris dessus. » Un peu plus loin, chez Casterman, nous apercevons AJ Dungo. Avec In Waves, une autobiographie touchante sur le deuil, entremêlée d’une rétrospective de l’histoire du surf), le bédéiste est également dans la sélection officielle cette année.

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Pour terminer cette première journée, nous quittons le tumulte du Monde des bulles pour retourner au Nouveau Monde. Au stand de Sarbacane, nous rencontrons Emmanuel Moynot, dont le No Direction est en lice dans la catégorie Polar SNCF. Ce road-trip de deux jeunes tueurs en série dans l’Amérique est monté comme un comics en vingt chapitres. Un découpage voulu, nous explique l’auteur, pour rappeler les comics américains et plonger un peu plus dans l’ambiance poisseuse de l’Amérique profonde.

BulleVendredi

Ce matin, la journée débute par notre première exposition du festival : « Gunnm, l’ange mécanique, une oeuvre de Yukito Kishiro ». Popularisé auprès du grand public par Alita : Battle Angel, le film de Robert Rodriguez sorti en 2019, l’univers de Yukito Kishiro existe depuis les années 1990 lorsque Gunnm est pré-publié dans le magazine Business Jump de l’éditeur Shūeisha. En France, le manga est publié dès 1995 chez Glénat.

L’exposition propose de découvrir l’univers de Gally, une cyborg amnésique qui va chercher à découvrir le sens de son existence dans un monde dystopique post-apocalyptique. Pour l’occasion, des planches originales sont présentées au public, illustrant la création du personnage de Gally, ses aspirations, son évolution mais également tous le background du manga : la dualité entre les villes de Zalem et Kuzutetsu, le motorball, les ennemis de Gally ou encore son sauveur Ido…

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Deuxième grande étape de notre journée : « Robert Kirkman, Walking Dead et autres mondes pop » envahie 450m² de la médiathèque de l’Alpha pour nous présenter une rétrospective sur le célèbre auteur de comics américain. L’occasion de découvrir l’univers riche et varié de Robert Kirkman dans une exposition immersive. Une expo qui commence en grandes pompes : les festivaliers sont invités à suivre le même cheminement que Rick Grimm, le héros de Walking Dead, à son réveil du coma dans le premier tome. Une chambre d’hôpital a d’abord été reconstituée, surplombée par de nombreuses planches du comics. Sur le chemin, on croise un comptoir parsemé de plusieurs dossiers médicaux aux noms des différents personnages du comics. Le chapeau de Carl, le sabre de Michonne ou la batte de Negan trouvent leur place dans des casiers en fond de décors. Et plus loin, la célèbre porte de la cafétéria de l’hôpital, habituellement barrée d’un « Don’t Open Dead Inside », se dresse sur le passage des visiteurs. Des doigts décharnés passent à travers l’interstice tandis que des grognements s’échappent de derrière la porte… qui soudainement s’agite dans un vacarme assourdissant, arrachant des cris aux festivaliers qui se trouvaient juste devant.

Au fil de l’exposition, les spectateurs quittent le monde des zombies pour celui des super-héros avec la série Invincible, puis pénètrent dans l’univers paranormal et terrifiant d’Outcast.

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Cette année, l’édition du festival est marquée par le mouvement des auteurs qui protestent pour défendre leurs droits. Précarité, absence de retraite, absence de cadre adapté aux spécificités du métier… À 16h30, les auteurs abandonnent leurs stand et leurs stylos, mettent en suspend leurs dédicaces et partent se réunir devant l’Hôtel de ville sous la bannière de la « Bande décimée ». Le mouvement est très suivi et les chapiteaux semblent soudain bien vides sans les auteurs. Si 2020 a été désignée comme année de la BD, les auteurs se sentent floués par des mesures qui tardent à être mises en place et par la paupérisation de leur métier qui ne cesse d’augmenter depuis 2014. Une manifestation encouragée par les très nombreux lecteurs présents sur le festival qui ont pris leur mal en patience en attendant le retour des auteurs.

En parallèle, les auteurs utilisent leurs crayons comme arme de dénonciation : partout sur les affiches, le Fauve, symbole du festival, a été grimé par des auteurs de BD en grève protestant contre les violences policières. Le fameux chat noir et blanc se voit ainsi affublé d’un œil crevé, symbolisant les victimes des tirs de LBD 40 lors des manifestations de ces derniers mois.

Cyril Liéron et Benoït Dahan, le duo d’auteurs derrière le premier tome de la série Dans la tête de Sherlock Holmes. La BD, en compétition pour le Fauve Polar SNCF, propose de découvrir le labyrinthe mental de Sherlock au coeur d’une enquête trépidante sur de mystérieux tickets et un sombre spectacle de magie. Une aventure à découvrir d’urgence pour tous les fans du célèbre détective ! Les deux auteurs sont d’ailleurs, eux-mêmes, des amateurs de Sherlock et de ses enquêtes. « J’ai découvert le personnage dans le film Le Secret de la pyramide de Barry Levinson », nous raconte Benoît Dahan.

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BulleSamedi

Ce matin, la pluie est au rendez-vous. Heureusement, c’est matinée d’expositions pour nous, puisqu’on se dirige vers les chais Magelis où plusieurs expositions nous attendent. Petits et grands se hâtent vers celle du quartier jeunesse : « Folklorique enfance, fantastique enfance ». Pour commencer, rien de tel que de retomber en enfance. Au programme, un panorama de quatre grands héros de la BD jeunesse : l’aventureuse Hilda de, l’intrépide Yakari de, le drôle de Petit Vampire de Joann Sfarr et le facétieux Naruto de Masashi Kishimoto. De salle en salle, le public découvrent les quatre personnages et leur univers.

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Pour continuer dans la bonne humeur, l’exposition sur Lewis Trondheim nous ouvre ses portes dans une autre partie du bâtiment. L’occasion de découvrir l’univers de l’auteurs , mais aussi son humour cynique et pince-sans-rire, que l’on retrouve tout au long de l’exposition par de petits dessins humoristiques (et souvent aussi explicatifs) laissés par l’auteur.

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À 16h30, nous avons rendez-vous au stand des éditions Cornélius. Deux jours plus tôt, nous avons obtenu notre ticket pour venir rencontrer Charles Burns lors de sa séance de dédicaces du jour. L’auteur de Black Hole a signé une des affiches officielles du festival cette année et est présent à l’occasion de la sortie récente de Dédales, premier tome d’une nouvelle série prévue en trois tomes.

Ce soir, la totalité du palmarès du festival est annoncée en direct du théâtre d’Angoulême. Nous avons nos favoris, mais qui seront les lauréats ?

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BulleDimanche

Hier soir, nous avons découvert le palmarès de cette 47e édition du festival ! Une liste de lauréats qui ne fait pas l’unanimité parmi les festivaliers qui regrettent un palmarès peu accessible au grand public. Cette année, le Fauve d’or du Meilleur album a été décerné à Révolution, Tome 1 : Liberté de Florent Grouazel et Younn Locard, un récit historique de la Révolution française.

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Pour ce dernier jour de festival, destination le musée d’Angoulême qui abrite l’exposition « Yoshiharu Tsuge, être sans exister », une immense rétrospective sur l’un des pères du manga au Japon. Les festivaliers sont invités à découvrir cette figure phare de la bande dessinée japonaise à travers des planches originales de l’artiste. Des extraits qui présentent le parcours compliqué de Tsuge, ses phases de dépressions et de doutes, mais aussi les thématiques qui lui sont chères comme le souvenir, la quête personnelle ou l’onirisme. Autant de thèmes qui marquent l’évolution du style de l’auteur et son processus de quête personnelle. Il la mènera jusqu’en 1987, date à laquelle il termine son ultime recueil L’Homme sans talent et abandonne le dessin laissant le reste de son oeuvre inachevée. Aujourd’hui, L’Homme sans talent est disponible en France chez Atrabile depuis 2018 dans une toute nouvelle édition, tandis que les autres recueils de Tsuge sont à retrouver aux éditions Cornélius. Quatre recueils sont déjà parus sur la dizaine de prévus.

Pour terminer le festival, nous faisons un dernier tour des bulles. L’occasion de faire encore quelques dédicaces avant de quitter définitivement les lieux comme les milliers de festivaliers et centaines d’auteurs et professionnels venus pour l’événement. Une fois de plus, nous rentrerons à Paris avec les valises pleines d’albums et la tête pleine de bons souvenirs !

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