Au sein de la prestigieuse Université Yale, située dans le Connecticut aux Etats-Unis, vous ne trouverez pas seulement un campus grouillant d’étudiants, des amphithéâtres et des salles de conférences. Saviez-vous par exemple qu’on trouve à Yale l’une des plus remarquables bibliothèques de livres rares et de manuscrits du monde ?
Ouverte en 1963, la Bibliothèque Beinecke conserve des exemplaires uniques ou des originaux d’ouvrages exceptionnels. Grâce à son incroyable nombre de pièces rares, on estime que l’établissement concentre un patrimoine littéraire parmi les plus inestimables de la planète. Pas moins d’un demi-million d’œuvres y sont conservées, parmi lesquelles un millier de manuscrits datant du Moyen Âge et de la Renaisance, quelque 3 000 incunables, des pièces de théâtre élisabéthaines, des papyrus, une importante collection de pamphlets européens et des archives de nombreux auteurs. Quelques manuscrits et livres très précieux témoignent du prestige de la bibliothèque, qui possède notamment un exemplaire de la Bible de Gutenberg exposé en permanence – il s’agit de l’un des livres les plus chers au monde -, le mystérieux manuscrit de Voynich et quelques rares ouvrages de Shakespeare.
Livres uniques, lieu unique aimerait-on dire lorsque l’on entre dans la Bibliothèque Beinecke. Car le lieu impose aussi le respect par son extraordinaire architecture et son design moderne qui forme un écrin audacieux à la hauteur du prestige des ouvrages. Conçu par l’architecte américain
Gordon Bunshaft, le bâtiment est construit au centre du campus universitaire et est à l’image du minimalisme prôné par son architecte. Notons que Gordon Bunshaft est notamment à l’origine du premier gratte-ciel composé de verre de Manatthan. La Bibliothèque Beinecke, tout aussi avant-gardiste, prend la forme d’un bâtiment dans le bâtiment puisqu’au milieu de l’édifice, l’espace dédié aux livres ressemble à une immense étagère cubique construite sur six étages. Surplombant littéralement l’espace, cet ensemble ouvert permet aux visiteurs de contempler les ouvrages avant, peut-être, de s’aventurer dans les rayons de livres anciens.
L’architecture a par ailleurs été minutieusement pensée pour la conservation des livres. Pas de fenêtres afin que la lumière du jour n’altère pas les ouvrages, mais une luminosité étudiée grâce à 
des spots spécifiques, et surtout grâce aux murs. A priori, pas de lien entre la lumière et les murs d’un lieu, et pourtant, les murs de la Bibliothèque Beinecke sont constitués de marbre de Danby. Leur aspect légèrement translucide filtre la lumière extérieure au maximum et ne laisse entre qu’une lumière très tamisée. En outre, le contraste entre la luminosité extérieure et l’intérieur assez sombre de la bibliothèque confère aux murs un aspect nacré des plus esthétiques.
Aussi intemporelle que les ouvrages qu’elle conserve, la Bibliothèque Beinecke force l’admiration par un modernisme sans rides où le minimalisme sert de meilleur atout à la mise en valeur d’ouvrages remarquables. Enfin, loin des bibliothèques baroques et anciennes où l’on ne fait que contempler, celle de Yale s’apprécie aussi pour ses espaces de vie, puisque l’on peut se rendre dans les salles de conférences, d’exposition ou de projection et profiter même d’un peu de temps libre pour faire quelques magasins.
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