Lieux imaginaires : Le Pays imaginaire de « Peter Pan » par J.M. Barrie

w_pays-imaginaire

Emblématique de la littérature de l’imaginaire, le personnage de Peter Pan est né sous la plume de l’auteur écossais J.M. Barrie en 1902. Il fait sa première apparition dans le roman intitulé Le Petit Oiseau Blanc, puis dans la pièce théâtre du même nom, et, enfin, dans le roman paru en 1911 qui porte son nom, Peter Pan. Depuis sa création, Peter Pan s’est imposé comme un héros littéraire notoire dont le succès a notamment été renforcé par les nombreuses mises en scène et adaptations cinématographiques tirées de l’oeuvre originale.

Si Peter Pan jouit de la renommée internationale qu’on lui connaît, c’est sans doute grâce à deux éléments centraux : son héros éponyme et l’univers merveilleux auquel il appartient, symbolisé par le Pays imaginaire, aussi appelé le Pays des fées ou le Pays de Nulle part, cette dernière version épousant le mieux le nom original donné au pays de Peter Pan dans la version anglaise, Neverland. Ce pays décrit comme « un lieu imaginaire où tout est parfait » est réservé aux enfants, et notamment aux orphelins, appelés les Enfants perdus dans le roman. Donnant peu d’éléments sur la situation géographique de ce pays idéal, le narrateur précise néanmoins que depuis la maison des Darling à Londres, il faut emprunter « la deuxième étoile à droite et filer tout droit jusqu’au matin » si l’on veut s’y rendre.

3097970793_1_3_KVpiA6AwDans ce pays fascinant auquel on accède en rêvant ou en volant, le lecteur découvre toute une variété de personnages imagés :  des fées, dont la plus célèbre est la Fée Clochette, des sirènes, des Indiens et des pirates parmi lesquels le fameux et redoutable Capitaine Crochet. Le Pays imaginaire est également peuplé d’une faune variée et plutôt féroce comme en témoigne la présence de loups, de tigres, de lions, d’ours et de crocodiles. C’est dans cet univers merveilleux qu’habitent les Enfants perdus, dont le nombre varie au gré des humeurs de Peter Pan. Car loin d’être la figure espiègle imaginée par les studios Disney, le Peter Pan de J.M. Barrie est avant tout le maître du Pays imaginaire, celui qui impose les règles et veille ce qu’elles soient respectées. Dans cet univers dédié à la jeunesse, au jeu et au plaisir, toute représentation du temps est proscrite et les enfants qui deviennent trop vieux ou trop sages sont exécutés.

Qu’il paraisse idéal ou infernal, le décor imaginé par J.M. Barrie est aussi manichéen que celui des contes classiques. En effet, dans l’île relativement petite qui constitue le Pays imaginaire, on compte un certain nombre de territoires symboliques bien délimités. On trouve ainsi le camp des Peaux-Rouges, le bateau des Pirates, la maison souterraine des Enfants perdus, et la cabane de feuilles de Wendy. Le Bien et le Mal s’y affrontent de manière équilibrée selon un schéma circulaire immuableneverland où Crochet fuit le Crocodile, où les Pirates craignent les Indiens qui ont peur des animaux sauvages qui craignent les Enfants perdus qui, eux, combattent les Pirates et ainsi de suite.

Et si le Pays imaginaire de Peter Pan fascine autant, c’est bien évidemment pour son insouciance apparente. Là, pas de temporalité et pas de place pour des sentiments profonds ou complexes. L’amour et la compassion sont peu présents tandis que la légèreté et l’inconséquence dominent, amenant parfois une certaine forme de cruauté. Rien n’est constant au Pays imaginaire, et tout change, les Enfants comme les méchants. Seul élément invariable : la présence de Peter Pan, sans qui le Pays imaginaire se fane et s’endort. Aujourd’hui, le héros vous est sans doute familier pour ses nombreuses adaptations, notamment le film Disney (1953) et le film « Hook » de Steven Spielberg (1991), devenus des incontournables. Quant à la psychologie, elle s’est aussi emparée assez tôt du nom de Peter Pan pour qui désigner l’angoisse pathologique de grandir, le refus maladif de devenir adulte, et le désir viscéral de rester un enfant pour toujours.

6VAYxIxIyXtTrxQAd7MlacuIRp0

+1
1
+1
0
+1
1
+1
1
+1
1
+1
2
A propos de Cecilia Sanchez 290 Articles
Chargée de communication et rédactrice chez Booknode

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*