Depuis la sortie et le succès phénoménal de la saga Harry Potter à la fin des années 1990, Poudlard semblerait bien avoir volé la vedette aux plus prestigieuses écoles du monde, devenant par la même occasion l’établissement rêvé de très nombreux lecteurs à travers le monde. Avec son charme gothique très british, ses interminables escaliers, ses sombres corridors, ses portraits animés, et sa forêt interdite, le château de Poudlard ferait même presque passer à certains le cafard du pensionnat.
L’école des sorciers, créée par l’auteur-star J.K. Rowling, est d’autant plus attirante qu’elle semble presque réelle à qui voudrait y pénétrer. D’ailleurs, les descriptions de Poudlard abondent tout au long des sept tomes qui constituent la série. On connaît sa position géographique puisqu’elle se situe sur les collines d’Ecosse ; son architecture extérieure, un château de sept étages, surmonté de plusieurs tours, entouré d’un grand lac, d’une forêt et de plusieurs serres ; sa configuration d’ensemble avec la Grande Salle et son plafond magique, les escaliers qui bougent, la grande bibliothèque, et de nombreuses salles communes.
Mais le tour de force de J.K. Rowling réside peut-être dans l’élaboration de Poudlard non simplement comme un lieu, mais comme un système codifié ayant une histoire propre et répondant à un mode de vie et à des valeurs spécifiques. On retrouve ainsi dans Harry Potter l’héritage des grands internats anglais où l’éducation va de pair avec la recherche de l’excellence et le sens de l’exigence, et où la transmission de savoirs ne saurait dispenser les élèves de l’acquisition de valeurs morales considérées comme nobles. Dès lors, c’est à l’école qu’il revient d’enseigner un certain nombre de qualités telles que le courage, la justice ou encore la vérité.
Mais le système de valeurs qui régit la vie des sorciers ne serait pas grand chose sans les Maisons, héritées elles aussi des pensions anglaises les plus prestigieuses. Dans l’univers de Harry Potter, elles représentent chacune des qualités spécifiques que l’on distingue notamment par des symboles élaborés : un nom, un sigle, et un code couleurs. Plus surprenant encore, J.K. Rowling est allée jusqu’à créer toute une symbolique qui emprunte ses sonorités au latin. En témoignent la devise de l’école, Draco dormiens nunquam titillandus, ainsi qu’une foule de formules magiques dont on ne se contentera de citer que la fameuse « Wingardium Leviosa » qui cause quelques difficultés de prononciation au pauvre Ron.
Autre point d’entrée pour saisir le génie inventif de J.K. Rowling : la logique manichéenne à l’oeuvre dans Harry Potter, qui non content de mettre en scène le combat classique du Bien contre le Mal remanie certaines réalités historiques complexes, comme l’inquisition, ou fait appel à la mythologie celte pour illustrer cette dualité originelle.
Enfin, Poudlard brille par son vivier de personnages hautement charismatiques et par la foule de créatures merveilleuses qu’on y trouve. Attachants ou effrayants, êtres vivants ou esprits, ils contribuent aussi à l’irrésistible attractivité de l’univers que J.K. Rowling a façonné. Son histoire, ses codes, ses habitants, la manière dont est traitée la confrontation permanente du meilleur et du pire, du visible et de l’invisible, de l’humain et de l’inhumain font de Poudlard un univers littéraire fictif parmi les plus aboutis imaginés ces dernières années. La grande force de Harry Potter, c’est donc sans doute l’attachement particulier de l’auteur au détail, et à la force immersive d’un récit qui nous plonge dans un univers qui emprunte au nôtre et est conçu comme une réalité parallèle. Fascinant non ? Quand on pense que tout a commencé lors d’un voyage en train entre Manchester et Londres, voilà qui laisse rêveur…
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